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Un des malices les plus communs dans le folklore canadien-français est le loup-garou. On pouvait devenir loup-garou de plusieurs manières : on pouvait faire un pacte avec le Yâbe, on pouvait être victime d’un sortilège ou être une âme en pénitence sur la Terre. Cependant la méthode la plus répandue consiste à ne pas faire ses Pâques ou Pâques du renard (se confesser le premier dimanche après Pâques).
Selon l’Église, chaque catholique devait communier une fois par année. Évidemment, Pâques était tout indiqué pour cela. Cependant, pour pouvoir communier, on devait d’abord confesser ses péchés pour obtenir l’absolution. Ceux qui font les « Pâques du renard » attendent la dernière minute pour se confesser et communier, espérant que le prêtre ne pourrait que leur accorder l’absolution étant si près de la fin du cycle de Pâques.
Dans certaines régions, le concept est plus large, on ne parle pas de Pâques, mais seulement de ne recevoir ni absolution, ni communion, ni sacrement pendant un laps de temps prescrit. Ce laps de temps, autant pour Pâques que pour l’absence générale de communion, variait d’une région à l’autre. On parle le plus souvent de 7 ans, mais nous avons aussi vu 10 ans ou aucun nombre d’années prescrites.
C’est parfois le Yâbe pour le Bon Yeu qui punit les impénitents pour leurs transgressions.
Bien qu’il y ait le mot « loup » dans « loup-garou », ceci était loin d’être la seule forme que ce malice pouvait prendre. Dépendant des régions, on retrouve le loup-garou le plus souvent sous l’aspect d’un chien, mais aussi d’un chat, d’une vache, d’un cheval, d’un ours, d’un crapaud et même d’une balle de foin ou d’un « tapon » (amas) de laine.
On disait de la personne qui sortait, transformée, au milieu de la nuit pour faire ses méfaits, qu’elle « courait le loup-garou ».
Dans toutes les régions que nous avons recensées, il était possible de libérer un loup-garou. La méthode était généralement la même : faire couler au moins une goutte du sang du loup-garou. L’on spécifie souvent que cette goutte doit provenir du front, là où l’on reçoit le signe du baptême, mais dans plusieurs histoires les libérations sont effectuées avec le sang coulant d’un autre endroit, la cuisse par exemple. Après avoir été délivré, le loup-garou reprend sa forme humaine, mais garde trace de la blessure qui lui a été infligée.
D’autres méthodes qui pardonnaient moins incluaient de tirer sur le loup-garou avec des balles bénies ou un chapelet chargé dans le fusil. On parle ici plus d’une libération de l’âme. Il semblerait qu’un exorciste religieux pouvait également venir à bout de la malédiction.
Comme nous l’avons dit au début de cet article, les histoires de loup-garou se retrouvent dans toutes les communautés canadiennes françaises. Dans les prochaines semaines, nous vous partagerons certaines de ces histoires, région par région.
One of the most common malices in French Canadian folklore is the loup-garou (werewolf or were-being).
One could become a loup-garou in several ways: one could make a pact with the Yâbe (Diable or Devil), one could fall victim to a spell or be a soul doing penance on Earth. However, the most common means was to not complete your Easter sacraments or do your “Fox Easter” (confessing one’s sins on the first Sunday after Easter).
According to the Church, every Catholic had to take communion at least once a year. Obviously, Easter was the perfect time for this. However, in order to receive communion, one had to confess one’s sins to obtain absolution. Those who do the « Fox Easter » wait until the last minute to confess and take communion, hoping that the priest could only grant them absolution being so close to the end of the Easter cycle.
In some regions, the concept is broader, not speaking specifically about Easter, but mainly about not receiving absolution, communion, or the sacrament for a prescribed period of time. This period of time, both for Easter and for the general absence of communion, varied from one region to another. It is most often seven years, but we have also seen ten years or no prescribed number of years at all.
Sometimes it is the Yâbe on behalf of the Bon Yeu (Good God) that punishes unrepentant people for their transgressions.
Although there is the word loup (wolf) in loup-garou (werewolf), this was far from the only form that this malice could take. Depending on the region, the werewolf was most often found in the guise of a dog, but also a cat, a cow, a horse, a bear, a toad and even a bale of hay or a tapon (pile) of wool.
The person who went out in the middle of the night to sow misdeeds was said to be courir le loup-garou (running with the werewolf).
In all the regions we have recorded, it was possible to deliver a loup-garou. The method was generally the same: to draw at least one drop of the loup-garou’s blood. It is often specified that this drop must come from the forehead, where the sign of baptism is received. However, in several stories the liberations are carried out with the blood flowing from another place, the thigh for example. After being delivered, the loup-garou returns to its human form, but retains a visible mark of the wound that was inflicted.
Other less forgiving methods included shooting the loup-garou with blessed bullets or a rosary loaded into a gun as shot. This is more of a release of the soul. It seems that a religious exorcist could also overcome the curse.
As we said at the beginning of this article, loup-garou stories can be found in all French Canadian communities. In the coming weeks, we will share with you some of these stories, region by region.
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