Loups-garous: Beauce

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Dans ce deuxième volet de notre série sur les loups-garous, nous tournons notre regard vers la Beauce au Québec. Nous consulterons les anecdotes de Marius Barbeau, collectées dans les régions de Gaspé, la Beauce et le Témiscouata, où se retrouvent quatre légendes différentes de loups-garous. Nous espérons qu’au travers de cette exploration de récits régionaux, vous aurez une meilleure idée de la diversité des loups-garous au travers de la Nouvelle-France.

La Crémone et le loup-garou (1)

En 1919, Hermias Dupuis raconta à Marius Barbeau une histoire vraie provenant d’un certain Bisier, vers 1889. Dans ce récit, Dupuis raconte qu’un voisin de Bisier nommé Bisson, était en route pour aller chercher le docteur pour soigner sa femme. Sur le chemin, il trouva un gros veau qui lui bloquait la route. Bisson pensa immédiatement que c’était un de ses voisins qui « ne faisait pas sa religion », et du coup, courait le loup-garou. Il lança alors son long foulard au veau qui en arrachait la moitié avec sa gueule, alors que Bisson continua à marcher avec le restant.

Le lendemain, Bisson parlait avec son voisin, ce lui qui ne pratiquait pas sa religion, et ce dernier s’arrachait des petits bouts de laine d’entre les dents. C’était la laine du foulard.

Les loups-garous des Rapides-du-diable (2)

En 1918, le père de Marius Barbeau, Charles, lui raconta une histoire qu’il avait entendue quelque cinquante ans auparavant, vers 1868. Cette histoire prend place à un endroit le long de la rivière Chaudière connue sous le nom des Rapides-du-diable. Il racontait que des arbres se trouvaient tout le long de cette rivière, il faisait donc très noir et c’était le territoire de plusieurs loups-garous. Charles lui contait que normalement ces loups-garous prenaient la forme de bêtes sauvages avec une suspicieuse tache blanche sur le front. Il était alors bien connu que pour libérer un loup-garou, on devait frapper la créature sur cette tâche et la faire saigner.  

Il se souvenait qu’une fois, un homme nommé Elzéar Veilleux est arrivé chez Barbeau père à cheval. L’homme était très pâle et son cheval avait clairement couru longtemps. Il dit qu’alors qu’il traversait la ceinture d’arbre aux Rapides-du-diable, un loup-garou essaya de l’arrêter. Son cheval prit alors la fuite, l’envoyant presque voler dans la rivière. Son chapeau s’envola jusque dans le ciel. Le jour suivant Veilleux retourna sur les lieux pour recouvrer son chapeau, mais il n’était nulle part. Elzéar disait que le loup-garou devait l’avoir pris… « On croyait à ces choses-là ».

Le sac de laine (3)

Charles Barbeau conta une autre histoire provenant de la même région. Ici il parle de Gédéon Morency, un Beauceron, qui revenait du moulin avec un sac de moulée. Il faisait noir. Soudainement, il vu un loup-garou sous la forme d’une poche de laine qui roulait à côté de sa voiture. La poche de laine suivait la vitesse de l’attelage de Morency. S’il accélérait, le poche de laine accélérait, s’il ralentissait, elle ralentissait. La poche de laine suivit Gédéon pendant un mille puis s’éloigna du chemin.

L’excommunication (4)

Dans cette histoire racontée par Hermias Dupuis en 1919, on parle du major F qui vivait à Sainte-Marie, Beauce. Le major F était séparé de sa femme et vivait avec une autre jeune femme. Le curé du village lui avait souvent dit, et cela même en chaire, qu’il allait un jour être excommunié à cause de cela. Plusieurs paroissiens disaient, eux, qu’il allait courir le loup-garou.

Le major était pauvre, si pauvre qu’il volait souvent du bois pour se chauffer l’hiver. Le père de Petit d’Jo Voyer, la journée même du sermon du curé, entend une commotion dans le milieu de la nuit. Il alla donc investiguer et aperçut le major F. qui s’était caché un peu. Voyer cria : « Qu’est-ce que tu fais ici, toi? » La réponse fut immédiate « De rien! De rien! Je cours le loup-garou ». À ceci, Voyer répondit : « Bien, si tu cours le loup-garou, tu vas toujours bien lâché mon bois. Autrement, je vas [vais] te sortir; tu iras ailleurs le courir où tu voudras ».

Idées à retenir:

Malgré que ces quatre anecdotes ont été partagées par deux individus, l’on peut imaginer que l’”écosystème” du loup-garou avait des caractéristiques similaires au travers de la Beauce. Nous pouvons donc conclure que ces malices contrevenaient aux standards religieux de la communauté, en n’ayant pas performé les sacrements requis ou par leurs actions qui pouvaient les amener à être interdits de communion. Ensuite, il apparaît y avoir une grande variété de formes pour ces créatures: une poche de laine, un veau, mais pas spécifiquement un loup. De plus, dans ces récits, l’on trouve l’identification de la marque pour  délivrer un loup-garou sur le front des individus. C’est cette marque qui doit saigner pour que le loup-garou retrouve sa forme humaine. Finalement, les malices étaient connus pour “courir”, c’est-à-dire sortir le soir faire des chasses surnaturelles sous la forme d’un loup-garou, que c’était de courir dans les arbres le long de la Chaudière ou voler du bois d’un cabanon.


In this second part of our series on le loup-garou, we turn to the Beauce region of Québec. We will be consulting some of the anecdotes collected by Marius Barbeau from the Gaspé, Beauce and Témiscouata regions, through which we will come to know four different loup-garou legends. We hope that through the exploration of these regional tellings, you will come to know the diversity of loup-garous throughout New France.

The long scarf and the loup-garou (La Crémone et le loup-garou) (1)

In 1919, Hermias Dupuis recounted to Marius Barbeau, a true story told to him by one Bisier in about 1889. In this tale, Dupuis tells that a neighbour of Bisier, named Bisson, had gone out to fetch a doctor for his wife. Along his way, a large calf came to obstruct his path. Right away, Bisson thought this to be a neighbour of his who “didn’t practise religion” and as a result, was “running” (courir) the loup-garou. Bisson then took his long scarf and threw one end at the calf and it took that half into his mouth while Bisson kept walking with the other. 

The next day, Bisson was speaking with his irreligious neighbour and while they were talking, he plucked out a piece of yarn from his teeth. This yarn was from the wool scarf.

The loup-garous from the Devil’s Rapides (Les loup-garous des Rapides-du-diable) (2)

In 1918, Marius’ father Charles, recounted a tale he heard some fifty years earlier (about 1868) from a place along the Chaudière river known as les Rapides-du-diable. He recounted that thick bush was found all along that river, therein it was perfectly dark and home to many loup-garous. Charles stated that ordinarily these loup-garous were found in the form of wild beasts with a conspicuous white blotch on their foreheads. It was well known at the time that the free someone from the curse of the loup-garou, one had to strike the creature in that white blotch and draw some blood therefrom. In this way, their soul would be freed. 

He went on to say that he remembered one time a man named Elzéar Veilleux arrived at his place on horseback. The man was very pale as his horse had run a long way. He said that while he was crossing through the bush at Rapides-du-diable, some loup-garous tried to stop him. His horse then took off, the creatures almost causing him to fall into the river. His hat too flew off his head and into the heavens above. The next day Veilleux went back to get his hat, but it was nowhere to be found. Charles Barbeau said “the loup-garou had taken it… we used to believe things like that.”

The Bag of Wool (Le sac de laine) (3)

Charles Barbeau recounted another tale from the same region. Here he spoke of one Gédéon Morency, a man from Beauce, who was coming back from the mill with a bag of grist. It was dark. All of a sudden he spotted a loup-garou in the shape of a bag of wool. It was rolling alongside his buggy. The quicker Gédéon rode with his horse and buggy, the quicker the bag of wool did roll. He kept up with it for about half a mile and then it veered off his course. This is a story Gédéon would tell. 

The Excommunication (L’excommunication) (4)

In this tale told by Hermias Dupuis in 1919, he tells of one “Major F.” who lived in Sainte-Marie, Beauce. It is said that Major F. had left his wife for another young woman. The village priest had often preached to him on this and that he would be excommunicated in due time. Many parishioners would say that he was off “running” (courir) the loup-garou, doing what he wanted here and there. 

The man was poor, he would often steal wood to make a fire in winter. A man, the father of Petit d’Jo Voyer, right after his sermon, had heard quite the clatter in the night. He went to go see what was the matter and there he espied Major F. stealing some of his firewood. He then  yelled out: “Hey! What are you doing there!” and the reply was “Nothing, I’m running the loup-garou!”. To this the father Voyer replied: “Well, if that is the case, go run somewhere else and leave my wood alone! If not, I’ll get you out one way or another!”

Take-aways:

Although these four anecdotes were shared by two individuals, we can imagine that the loup-garou “ecosystem” had some similar features in the Beauce region. Of note we can conclude that these malices were in violation of some community religious standards, meaning that either they had not performed the necessary sacraments or their actions would lead them to be removed from Church communion. Secondly, there appears to be a wide variety of “forms” these creatures could take. Some could be a bag of wool, while another a calf… not specifically a wolf. Thirdly, we find in these tales the identification of the “delivery” mark on the forehead, where a loup-garou must be bled. This mark was often white, which was a known signifier of otherworldliness. Lastly, the malices are known to “run”, that is to say go out on supernatural haunts in the form of a loup-garou, whether this was a run in the dense bushes near the Chaudière river or stealing firewood from a woodshed. 


  1. Barbeau, C. Marius. Anecdotes populaires du Canada. Première Série. The Journal of American Folklore, Vol. 33, No. 129 (Jul.-Sep., 1920) p. 213-214.
  2. Ibid. p. 214
  3. Ibid. p. 214-215
  4. Ibid. p. 255

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