English will follow
Publié originellement dans Wyntergrene edition Lughnasad 2019
Dans notre démarche pour ramener la magie folklorique du Canada français dans le monde d’aujourd’hui, nous avons essayé le plus possible d’évacuer le contexte catholique dans lequel elle a prospéré. Il est cependant impossible de l’éliminer complètement ni est-ce recommandable. Ceci rendrait ce courant spirituel détaché de ses racines, à la dérive, rendant difficile le contact avec les ancêtres .
Une des jonctions avec le catholicisme que nous croyons essentiel de garder est le culte de Sainte Anne. Sainte Anne est une figure controversée du christianisme. Nulle part dans le Nouveau-Testament il n’en est mention. L’histoire de la conception de Marie a été rapiécée à partir de textes apocryphes et de traditions anciennes, ce qui en fait une figure à moitié en dehors et en dedans du catholicisme. C’est une sainte folklorique dont le culte était si fort et si répandu qu’elle a été ramenée dans le giron de l’Église. Il reste qu’elle appartient d’abord aux gens.
Sainte Anne est aussi une figure liminale. Les colons français qui sont arrivés en Amérique étaient déjà de fidèles dévots de Sainte Anne, mais elle a aussi été acceptée par les membres des Premières Nations comme la figure de la Grand-mère.
De tous les lieux de cultes dédiés à sainte Anne, un des deux plus importants se trouve ici, au Canada, dans la ville de Beaupré. La basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré est encore aujourd’hui visitée par des milliers de personnes lors de la neuvaine en l’honneur de sainte Anne. Cette église fut bâtie pour la première fois en 1658, détruite en 1876 après que l’on ait bâti une autre église un peu plus loin en 1872. Cette église fut rasée par un incendie en 1922 et en 1923, on construisit la basilique que l’on connaît. La présence d’un lieu de culte dédié à Sainte Anne date donc des débuts de la Nouvelle-France et a accompagné la vie des Canadiens français jusqu’à aujourd’hui.
Sainte Anne est une sainte guérisseuse. Bon nombre de pèlerins ont expérimenté des guérisons miraculeuses en se rendant à la basilique ou pendant leur séjour là bas. Ses pouvoirs de guérisons sont clairement à la source de la popularité de la basilique. Les guérisons spontanées sont répertoriées dans les Annales depuis 1876 et elles proviennent de partout: des pèlerins et aussi de gens qui ne sont jamais venus à la basilique, mais qui ont obtenu des guérisons en priant sainte Anne. Pour nous, il serait insensé de mettre de côté une figure dispensant une aussi puissante guérison, surtout que son origine est si peu orthodoxe.
On peut retrouver des traces de pèlerinages à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré à partir du Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Louisiane et de la Nouvelle-Angleterre. En faisant nous-mêmes ce pèlerinage, nous marchons littéralement dans les traces de nos ancêtres. Nous recréons les mêmes gestes et les mêmes circuits que des centaines de milliers de gens avec qui nous partageons une communauté d’esprit ou des liens ancestraux de sang. La répétition des gestes leur donne du pouvoir.
Selon mon expérience, le contact avec sainte Anne est facile et fluide. Le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré est magnifique, majestueux et pourtant on le sent près de nous, comme s’il nous parlait personnellement. Une relation avec sainte Anne et avec son sanctuaire est riche et vaut la peine d’être développée.
Sources:
HUFFORD, David J. Ste. Anne de Beaupré: Roman Catholic Pilgrimage and Healing, Western Folklore. Vol. 44, No. 3, Healing, Magic, and Religion (Jul., 1985), pp. 194-207
LAMONTAGNE, Denis. Pour une approche transversale du savoir banal en Acadie : la taoueille, sainte Anne et la sorcière. Rabaska: Revue d’ethnologie de l’Amérique française. Volume 3, 2005, pp. 31-48
https://sanctuairesainteanne.org/fr
Saint-Anne
Originally published in Wyntergrene Lughnasad 2019 edition
Through our labour to bring back the old French Canadian folk magic into our modern world, it seems we have tried to expunge the Catholic context within which the beliefs prospered. It has become apparent that it is impossible to eliminate this framework in its entirety nor is it recommended. To do so would be to uproot the tradition from the source and make it difficult to commune with our ancestors.
On of these essential junctions with Catholicism is the need to maintain the cult of Saint-Anne. Saint-Anne is somewhat of a controversial figure in Catholicism. Nowhere in the New Testament is she mentioned. The story of Mary’s conception has been stitched together through apocryphal texts and ancient customary tradition. Which makes her a liminal figure at once within Catholicism and without. She is a folk saint with a cult so strong and widespread that she was reeled back into the Church’s fold. That said, she is first and foremost a saint of the people.
Saint-Anne’s liminality was also exceedingly important as, when the French colonials arrived in America they were already devoted to her, but soon she was also adopted by First Nations as a Grandmother figure.
Of all the cult sites dedicated to Saint-Anne, one of the most important is found here in Canada in the town of Beaupré. The Basilica of Sainte-Anne-de-Beaupré is still visited today by millions of people during the neuvaine (novena) in honour of Saint-Anne. This church was constructed for the first time in 1658, destroyed in 1876 after another church was built a bit further in 1872. This church was engulfed in flames in 1922 and, in 1923, the Basilica was erected as we know it today. The presence of a cult site to Saint-Anne therefore dates back from the beginning of Nouvelle-France and accompanied the French Canadians throughout their lives up to the present.
Saint-Anne is a healing saint. A good number of pilgrims have enjoyed miraculous healings from their travels to the Basilica proper or during their visit to the site in general. These healing powers are clearly a source of the Basilica’s continued popularity. Spontaneous healings have been reported in the annals since 1876 and they come from varied contexts: From pilgrims, but also people who had never been there prior, but who were healed by the saint through prayer nonetheless. For us, it is inconceivable to set aside such an important figure who provides such potent healing… especially with such an unorthodox origin story.
We can also find traces of pilgrimages to the Basilica of Sainte-Anne-de-Beaupré from Québec, New Brunswick, Louisiana and New England. By undertaking such a pilgrimage, one literally walks in the footsteps of their ancestors. Through the journey, we exemplify the same deeds and journeys that hundreds of thousands of people with whom we share a community of spirit or ancestry once did. By repeating these same deeds, we give the ancients power.
In my own experience, contact with Saint-Anne is rather easy and fluid. The Sanctuary of Sainte-Anne-de-Beaupré is magnificent, majestic and we feel her presence as though she were there, speaking to us personally. A relationship with Saint-Anne and her sanctuary is a richness which deserves to be developed.
Sources:
HUFFORD, David J. Ste. Anne de Beaupré: Roman Catholic Pilgrimage and Healing, Western Folklore. Vol. 44, No. 3, Healing, Magic, and Religion (Jul., 1985), pp. 194-207
LAMONTAGNE, Denis. Pour une approche transversale du savoir banal en Acadie : la taoueille, sainte Anne et la sorcière. Rabaska: Revue d’ethnologie de l’Amérique française. Volume 3, 2005, pp. 31-48
https://sanctuairesainteanne.org/fr