Jos Montferrand: le Géant du peuple.

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Dans les denses forêts du Québec, ainsi que sur les flots tumultueux des rivières, un nom résonne encore avec la force d’un coup de hache bien placé : Joseph Montferrand. Un héros des chantiers, une épine dans le pied des Britanno-Canadiens, toujours le protecteur des Canadiens français, Jos Montferrand, incarne la résistance, la force brute et l’esprit noble enraciné dans l’apport canadien-français à cette terre.

Né en 1802 à Montréal, Joseph Montferrand était un homme exceptionnellement fort et puissant. Il était large, fort et agile. On dit qu’il maniait la hache comme s’il s’agissait de l’extension de son bras. Aucun homme, même pas une gang sans merci, ne pouvait égaler ses prouesses physiques. Plus qu’une pile de muscles, Jos devint le symbole de la résilience canadienne-française dans un monde de plus en plus dominé par des compagnies anglaises, que ce soit britannique, canadienne ou américaine. (1)

À 16 ans, il défia un boxeur anglais dans le Champ-de-Mars de Montréal et l’envoya promptement un tapis d’un seul coup de poing. C’est à partir de ce moment qu’il commença à se faire un nom. Tout comme la famille de sorciers Dulac, la famille Montferrand en était une d’homme fort. Les hommes forts étaient aussi craints et respectés que les sorciers. (2) Jos Montferrand était un homme fort de troisième génération appartenant à la classe ouvrière de Montréal. Rapidement sa légende le dépassa, il fut connu sous le nom du « coq du faubourg Saint-Laurent ».

Selon la légende, il tenait souvent tête à des gangs de bûcherons, comme les Shiners d’Ottawa-Gatineau. Ces gangs étaient souvent composés d’Irlando-Canadiens engagés par les barons de la coupe d’arbre afin d’intimider les Canadiens français dans les camps de l’Outaouais et de l’Est de l’Ontario. (3) Jos n’a jamais refusé un combat. Plusieurs histoires affirment qu’il pouvait coucher dix hommes avec un seul coup de poing, ou encore qu’une fois il traversa le pont de Bytown (maintenant Ottawa) tout en faisant face à une centaine d’opposants. Il n’était pas qu’un homme fort ou une brute, il luttait pour la justice.

Comme Ti-Jean ou la Chasse-galerie, Joseph Montferrand chevauchait la ligne entre la figure historique et la légende. Plusieurs de ses hauts faits sont probablement exagérés, mais tellement cool et inspirants. C’est ce chevauchement qui en fait une figure si imposante dans l’imaginaire populaire. Son âme a survécu à son corps.

Dans les histoires, il est souvent décrit comme le géant gardien du peuple, un peu comme Paul Bunyan. Il est devenu part Samson biblique et part Robin des bois canadienne-française. Il représente le type d’homme que l’industrialisation a essayé d’effacer : un travailleur fier et libre, enraciné dans la terre et les traditions de sa nation. 

Alors comment ne pourrait-il pas être un ancêtre de la Sorcellerie aujourd’hui? 

Si nous avions à tisser une tapisserie entre Jos Montferrand et la magie folklorique, ce serait au travers d’une force sacrée, comme plusieurs personnages des contes : la puissance du corps et des mots comme outil de protection. Il n’était pas un sorcier… autant que l’on sache… mais il peut très bien être une figure titulaire de « l’arbre généalogique spirituel » de la Sorcellerie canadienne-française. Dans un monde où on se battait contre le mal avec de l’eau et des rameaux bénis, Montferrand se battait contre l’injustice avec ses poings, une magie très pragmatique, mais non pas moins impressionnante. 

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Joseph Montferrand: The People’s Giant

In the dense forests and roaring rivers of Québec, one name still echoes with the force of a well-placed axe blow: Joseph Montferrand. A hero in the chantiers (lumber camps), a pain in the rear to British Canadian enforcers, but always a protector of his French Canadian people. Montferrand – or Jos Montferrand, as he was most often called – embodies ideas of resistance, brute strength, and a noble spirit rooted in the French Canadian expression on this land.

Born in Montreal in 1802, Joseph Montferrand was an exceptionally large and powerful man. He was tall, strong, and agile. It’s said he handled an axe as if it were an extension of his arm, and no man – not even a merciless gang – could match his physical prowess. But more than just a stack of big muscles, Jos became a symbol of French Canadian resilience in a world increasingly dominated by English-run companies (whether British, Canadian or American). (1)

At 16 years old, he famously challenged an English boxer in Montreal’s Champ-de-Mars and quickly knocked him out with a single punch. From this point on he began to make a name for himself. As a third generation strongman in working class Montreal, his legend and fame began to far outpace him. He became known as  “cock of the faubourg  St. Laurent”. Like the Dulac family of sorciers, the Montferrand family were one of strongmen. Strongmen were often just as feared and revered as sorciers. (2)

According to legend, he often stood up to lumber gangs of, such as the Ottawa-Gatineau Shiners. These were often disenfranchised Irish Canadians hired by lumber barons  to intimidate French-speaking workers in the logging camps of the Outaouais and Eastern Ontario. (3) Jos never backed down. Many tales claim he could knock down ten men with a single punch, or that he once crossed the bridge in Bytown (now Ottawa) while facing off against a hundred foes. He wasn’t just a strongman, or a brute – he stood for justice.

Like Ti-Jean or La Chasse-galerie, Joseph Montferrand crossed the line between history and legend. Many of his feats are likely exaggerated – but super cool and inspirational – blurring the line is exactly what makes him such a powerful figure in the popular imagination. His spirit truly outlived him.

In tales, he’s often portrayed somewhat as a guardian giant of the people, not unlike Paul Bunyan. He has become one part biblical Samson, another part, French Canadian Robin Hood. He represents a type of man that industrialization tried to erase: A proud, free laborer rooted in the land and traditions of his people.

So, how can he be an ancestor of our tradition today?

If we were to weave a thread between Jos Montferrand and folk magic, it would be through a kind of sacred strength, not unlike some of the figures we find in our folktales – the power of the body and the word as tools of protection. He wasn’t a sorcier… as far as we know… but he could very well be an important tutelary figure in our French Canadian Sorcellerie ‘spirit family tree’. In a world where evil was warded off with blessed palm branches and protective water, Montferrand fought injustice with his fists – a very down-to-earth kind of magic, but no less impressive.

Sources:

  1. http://www.ameriquefrancaise.org/en/article-688/Jos_Montferrand,_Legendary_Figure_of_the_Ottawa_Valley.html
  2. Ibid.
  3. https://en.wikipedia.org/wiki/Shiner_(Ottawa) 

Image credit: P199, Public domain, via Wikimedia Commons

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