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Les miroirs ont toujours tenu une place spéciale dans le monde des sorcières. Les surfaces réfléchissantes sont comme des fenêtres sur l’autre monde, une fenêtre qui attire immédiatement l’attention de l’observateur. Des cultures partout sur le globe ont du folklore, des superstitions et des pratiques magiques impliquant des miroirs. C’est tout aussi vrai pour les Canadiens français comme vous le verrez plus bas.
Folklore et superstitions (1):
- Laisser un chat regarder sa propre réflexion dans un miroir apporte la malchance.
- C’est un péché de se regarder dans un miroir quand on porte du rouge à lèvre (ok… mettons).
- C’est malchanceux de briser un miroir. Au lac Saint-Jean, briser un miroir invite la mort dans la famille pour l’année qui suit ou il y aura de la malchance générale pendant sept ans.
- S’il y a eu une mort dans la maison, il faut couvrir les miroirs avec un voile pour que le mort ne vienne pas se regarder.
- Une tradition répandue (trouvée en Abitibi, en Gaspésie et à Terre-Neuve) consiste à mettre un miroir sous son oreiller pour rêver de son futur amour.
- À Minuit, si l’on passe un miroir au-dessus d’un puits, on verra soit son mariage, soit sa mort.
- Si l’on regarde dans le miroir de sa chambre alors que celle-ci est plongée dans la pénombre, on verra passer son futur cercueil.
Un hex (2):
- Pour qu’un.e ami.e s’ennuie de vous et vienne vous visiter, emballer sa photo dans du crêpe noir et la placer derrière un miroir. Il.elle viendra vous rendre visite.
Usage rituel historique (3)
Le miroir tient un rôle important dans un des cas de sorcellerie les plus connus au Québec, celui du crucifix outragé. Un homme s’était fait voler trois cent livres et un homme nommé Beaufort lui promis qu’il pouvait faire apparaître le visage de celui.elle qui l’avait volé.e dans un miroir. Il commence par réciter quelques verset en latin provenant du Nouveau Testament. Il place ensuite un crucifix face au miroir après avoir enduit les quatre coins de la croix avec l’”huile d’aspic” qu’il avait préalablement fabriquée. C’est ce “sacrilège” qui lui vaudra les accusations de sorcellerie et non pas le restant du rituel. La pièce n’est éclairée que de deux bougies où il brûle des enveloppe contenant trois poudres dont on ne connait pas l’identité sinon quelles étaient blanche, jaune et noir. Il répand les cendres de ces enveloppes sur le dos du miroir dans lequel il tentera sans succès de faire apparaître le visage du coupable. On voit ici que l’ingrédient principal de la conjuration est le miroir, c’est dans ce dernier que toutes les énergies du sortilèges sont concentrées, c’est par ce dernier que la vérité est supposée être révélée.(3)
Dans les contes (4):
Dans “Le grand voleur de Paris”, raconté par Narcisse Thiboutot à Sainte-Anne-de-Kamouraska en 1915, un roi invite ses convives, incluant le Voleur, à dormir dans ses quartiers. Cependant, le roi interdit à quiconque de dormir dans la chambre de la princesse pour ne pas “amener le déshonneur” sur elle. Tout le monde va au lit, mais au milieu de la nuit, le Voleur se dit qu’il serait beaucoup plus confortable dans la pièce interdite, alors il changea de chambre. La princesse se réveilla en sursaut et choquée de voir le Voleur dormir, elle prit une bouteille de peinture et lui marqua le front. Le matin venu, avant que tous ne se réveillent, le Voleur retourne dans sa chambre et remarque la tâche sur son front en passant devant un miroir. Il compris rapidement que c’était à cause de son somme dans la chambre de la princesse.
Rusé comme un renard, alors que tou.tes étaient encore profondément endormi.e.s, il prit la peinture et marqua les fronts de tout le monde. De cette manière, il assumait qu’il se fondrait avec tou.te.s les autres et qu’il ne se ferait pas démasquer. Cependant, le roi cru que tous avaient déshonoré sa fille, mais tous jurèrent que non. Ielles durent donc quitter le château.
Étrangement, on trouve très peu de mention de miroirs dans les contes. C’est un exemple de quelque chose de très mondain et de très magique, mais qui ne trouve pourtant pas sa place dans l’univers surnaturel des contes. Les contes sont nécessaires pour comprendre la vision du monde des Canadiens français, mais n’en sont pas l’exacte réflexion (see what I did there…)
Mirrors have always held a special place in the world of the magical practitioner. Reflective surfaces are like a window into another world, one which immediately draws in the observer. This is a fact the world-over as folklore, superstition and magical practises involving mirrors are a staple among all civilizations bar none. This is just as true for French Canadians, as the information below will reveal.
Some folklore and superstitions (1):
- It is bad luck to let a cat gaze at its own reflection in a mirror.
- It is a sin to gaze into a mirror wearing lipstick (ok…sure thing).
- It is bad luck to break a mirror – in Lac Saint-Jean to break a mirror in a home invites a death in the family within the year or there will be general bad luck in the home for seven years.
- If there is a death in the home, cover the mirror with a tissue so that the dead do not come and ponder itself. (Perhaps this was an older “pondering the orb” meme?)
- A widespread tradition (found in Abitibi, Gaspésie and Newfoundland) is the use of a mirror under a pillow to dream of one’s future love.
- At midnight, if one passes a mirror over a well and then looks up at the reflection, the gazer will either see their wedding or their death.
- If one gazes in a mirror in the darkness of their room, they will see their future casket passing by.
A hex (2):
- So that a friend will miss you and come to visit, take a picture of them and wrap it a black crêpe, place this behind a mirror. They will then come and see you.
Historic ritual usage (3):
The mirror plays an important role in one of the most famous cases of witchcraft in Québec, that of the “outraged crucifix”. A man had been robbed of three hundred pounds and a man named Beaufort promised him that he could make the face of the person who had robbed him appear in a mirror. He began by reciting some Latin verses from the New Testament. He then placed a crucifix in front of the mirror after coating the four corners of the cross with “oil of aspic” that he had previously made. It is this « sacrilege » that will earn him the accusations of witchcraft and not the rest of the ritual. The room is lit only by two candles where he burns envelopes containing three powders, what exactly they are is not known except that they were white, yellow and black. He spreads the ashes of these envelopes on the back of the mirror in which he will try unsuccessfully to make the face of the guilty appear. We see here that the main ingredient of the conjuration is the mirror, it is in the latter that all the energies of the spell are concentrated, it is through the latter that the truth is supposed to be revealed.
In the contes (4):
In “Le Grand Voleur de Paris” – recounted by Narcisse Thiboutot at Saint-Anne de Kamouraska in 1915 – A king invites his guests to, including the Thief, to sleep in the quarters. However the king forbids anyone to sleep in the princesses chamber so as not to “bring dishonour” upon her. All went to bed, but in the middle of the night the Thief thought he would be far more comfortable in the forbidden chamber. So he relocated. While sleeping, the princess woke up and, shocked, saw him there fast asleep. She then took a bottle of paint and marked his forehead. In the morning, before anyone else was up, he went to the mirror and saw that he was marked and that this must have been because he slept in the forbidden chamber.
Clever as he was, as all others were fast asleep, he took the paint and marked their foreheads too. In this way they would all be marked just the same. When all awoke they were shocked. The king believed that everyone had “dishonoured his daughter”, but all pleaded that they had not. They were all then to leave the castle.
Strangely, there is very little mention of mirrors in the contes. This is an example of something very mundane and magical, yet it does not fit into the supernatural world of the contes. Tales are necessary to understand the worldview of French Canadians, but are not an exact reflection of it (see what I did there…)
Sources:
- desRuisseaux, Pierre. Magie Et Sorcellerie Populaires Au Québec. Montréal, Qc: Les éditions Triptyque, 1976. P. 125-127
- ibid P. 127
- SÉGUIN, Robert-Lionel. La sorcellerie au Canada Français du XVII et XIX siècle. 1 ière édition. Montréal : Librairie Ducharme, 1961, p.97-102 .
- Barbeau, C.-Marius. “Contes Populaires Canadiens. Seconde Série.” The journal of American Folklore 30, no. 115 (Jan-Mar 1917): 125–130. http://www.jstor.org/stable/534454.
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