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Une des formes de don la plus répandue était l’arrêteur de sang. Il est à noter que ce don n’est pas limité aux Canadiens français et se retrouve un peu partout en Amérique du Nord. Il n’en reste pas moins que l’arrêteur de sang était une personne essentielle dans nos communautés et, évidemment, la manière dont il était utilisé avait une saveur locale.
La méthode la plus commune pour bénéficier du don d’un arrêteur de sang était de simplement lui demander. L’un pouvait se présenter chez un arrêteur de sang pour lui-même ou pour quelqu’un d’autre. Dans Roy, on décrit le rituel de cette manière. Un enfant surgit chez M. Collin, un conteur, guérisseur et arrêteur de sang. Il lui demande “M’man d’mand’ si vous voulez ‘i arrêter l’sang”. M. Collin s’arrête un instant en silence et réponds “Va-t’en, c’est arrêté” (1). M. Collin rendait grâce à Dieu pour ses dons et se considérait comme un vecteur pour le pouvoir de Dieu.
Ayant un arrêteur de sang dans ma famille, je peux témoigner qu’aujourd’hui, on téléphone aussi au détenteur du don. La demande n’a pas besoin d’être faite en personne, même que dans les cas où il est impossible de faire une demande directe, penser à l’arrêteur de sang peut-être suffisant. Cette méthode est d’ailleurs notée dans la section “médecine” de Roy (1)
On recense des cas où les prêtres ont le don d’arrêter le sang, démontrant que ce don n’est pas en contradiction avec le catholicisme. On recense une anecdote où un prêtre fut appelé auprès d’un blessé grave qui perdait beaucoup de sang. Celui-ci fit un signe de croix sur la blessure, ce qui ralenti l’hémorragie suffisamment pour que le blessé puisse être déplacé et qu’on puisse appliquer un tourniquet sur le membre. (2)
Une autre méthode religio-adjacente pour arrêter le sang se trouve dans les archives du musée de la Gaspésie. On y retrouve une note manuscrite pour une prière pour arrêter le sang. Il y a même une prescription spéciale pour les femmes qui “ont des pertes”. Ces “pertes” ne peuvent être interprétées que comme les saignements qu’une femme enceinte peut avoir. Ceux-ci sont souvent précurseurs d’une fausse-couche.

Transcription:
Grand Dieu du ciel et de la terre vous qui êtes le maître de tout l’univers faites-moi la grâce d’arrêter le sang de Gilbert Caron qui saigne. Sang arrête-toi aussi vite comme celui qui a coulé dans les veines de notre Seigneur quand il a été crucifié sur la croix. Dire un Pater avec en l’honneur de lui qui saigne.
Femme qui a des pertes, dire la même prière en prenant le bas de sa chemise en la revirant à l’envers.
(Pour une altère(?) prendre une objet quelconque et la revirer à l’envers(?))
Il n’est pas spécifié si cette prière est faite silencieusement ou non, mais le Pater doit être “dit” ce qui laisse à penser qu’au moins cette partie est prononcée à haute voix. Dans la deuxième section qui s’adresse aux femmes, on commence par “dire la même prière”, ce qui laisse à penser que le processus complet pourrait devoir être fait audiblement.(3)
Il existait aussi des arrêteurs de sang qui n’avaient “aucune religion ni dans leurs vies ni dans leurs méthodes” (2) L’exemple donné est effectivement très différent des méthodes précédentes.
Sur un chantier, une personne A saigne abondamment. L’arrêteur de sang s’approche et lui demande le nom de jeune fille de sa mère. Pendant que la personne A répond, l’arrêteur de sang lui saisit brusquement la main. L’idée derrière cette méthode est que ces deux éléments servent à “faire changer l’idée” de celui qui saigne, la distraction lui faisant “oublier” de saigner. (2)
Ce don était transmissible d’une personne à l’autre. Le seul exemple à l’extérieur de notre expérience personnelle parle d’une passation entre personne du sexe opposé et seulement après l’adolescence (4). Selon mon expérience personnelle, le don peut aussi être passé à une personne de la famille du même sexe.
- ROY, Carmen (1962). Littérature orale en Gaspésie. Ottawa, Musée national du Canada, bulletin no. 134, p. 84 et p. 206.
- BUTLER, Gary R. (1995). Histoire et traditions orales des Franco-Acadiens de Terre-Neuve. Les éditions du Septentrion. Sillery. p. 91.
- Musée de la Gaspésie.
- ROUSSEAU, Madelaine et Jacques Rousseau. (1950) Charmes et merveilleux. Extrait des Archives du Folklore Vol. 4, 1949. Fides. p.78
- https://museedelagaspesie.ca
Bloodstoppers
One of the most common don (gifts) is the ability to stop blood (called an arrêteur de sang). It is important to note that this gift is not limited to French Canadians and is found throughout North America. That said, it can be said that the bloodstopper was an essential member of a community and as such how this gift was expressed took on a local flavour.
The most common means to gain assistance from a bloodstopper was to simply ask for their aid. One could go to a bloodstopper for their own needs or on behalf of the needs of another. In Roy, the ritual is described as such: A child showed up at the residence of Mr. Collin, who was a conteur (storyteller) and bloodstopper. The child asked: “Mother asked me if you can stop her bleeding” Mr. Collin stopped for a moment in silence and replied: “Go, the bleeding has stopped”. (1) Mr. Collin would credit God with his gifts and considered himself a channel for the power of God.
Having a bloodstopper in my family, as I can attest to up to this day, we can also call them on the phone for their gifted assistance. The request does not need to be done in person, even when it is impossible to make the request directly, the bloodstopper can do their work just by thinking of them. This method is listed in Roy under “medicine” (1).
We can find cases where priests were known to possess the bloodstopping gift, which tells us that this gift was not at odds with Catholicism. There is an anecdote where a priest was called to the scene of a severely wounded person who was losing a large volume of blood. The priest did the sign of the cross on the wound and the hemorrhage abated enough for the injured party to be transported and a tourniquet applied to the wound. (2)
Another religiously-adjascent method to stop bleeding is found in the archives in Gaspésie. Within the record there is a written prayer used to stop bleeding. There is even a special prescription for women who are experiencing “discharges”. This discharge can only be interpreted as bleeding, to make sense given the context. This is often a sign of a miscarriage. (2)

Transcription:
Great God of the Heavens and the Earth, you who are the master of the whole universe, grant me the grace to stop the blood of [insert name] (the source says Gilbert Caron) who’s bleeding without stop, as swiftly as the blood coursed through the veins of our Lord as he was crucified on the cross. Say a pater noster in honneur of the one who’s bleeding .
For a woman who has some bleeding while pregnant, say the same prayer while you take the bottom of the nightdress and turn it inside out.
(For another (?) take a random object and turn it backwards (?))
It is not specified if the prayer is to be performed out loud or in silence, but the Pater Noster must be “said” which leads one to believe it must be spoken. In the second section which is addressed to women, we begin by “saying the same prayer”, which indicates that for the process to be complete it needs to be audible. (3)
There were also bloodstoppers who had “no religion, neither in their lives or in their methods”. (2) The example given is very different from the previous methods.
On a worksite, person A is bleeding profusely. The bloodstopper comes up to them and asks their mother’s maiden name. While person A replies, the bloodstopper swiftly grabs their hand. The idea behind this method is that these two actions serve to help the injured “take their mind of the situation” and distract them so that they “forget” they are bleeding. (2)
This don was transmissible from one person to the other. The only example outside of our personal experience speaks of passing from one person to the other of the opposite gender, only after their teenage years (4). From my own experience, the gift may also be passed on to people in the same family of people of the same gender.
- ROY, Carmen (1962). Littérature orale en Gaspésie. Ottawa, Musée national du Canada, bulletin no. 134, p. 84 et p. 206.
- BUTLER, Gary R. (1995). Histoire et traditions orales des Franco-Acadiens de Terre-Neuve. Les éditions du Septentrion. Sillery. p. 91.
- Musée de la Gaspésie.
- ROUSSEAU, Madelaine et Jacques Rousseau. (1950) Charmes et merveilleux. Extrait des Archives du Folklore Vol. 4, 1949. Fides. p.78
- https://en.museedelagaspesie.ca
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