English and sources below
La Toussaint (1er novembre) et le jour des Morts (2 novembre) étaient un moment important dans la vie des Franco-canadiens, ce qui est mis en évidence par le fait que ces journées étaient chômées. Les traditions pour ces journées étaient plutôt uniformes, car ces deux journées étaient sous un contrôle plus serré de l’Église. Cependant, quelques traditions plus en marge de la société seront énumérées à la fin de cet article.

Certaines coutumes semblent être associées à la Toussaint ou au jour des Morts interchangeablement. Par exemple, on disait que si on travaillait aux champs à la Toussaint les sillons allaient saigner. Cependant, on trouve d’autres sources où ce serait plutôt le jour des Morts où l’on pouvait assister à ce phénomène. Aussi, bien que le 1er novembre devrait être dédié aux saints, il est évident que ces deux jours tournent autour des morts et des ancêtres. Il semble que ces deux jours étaient plus soudés qu’intendait l’Église catholique.
À la Toussaint, après la messe, on se rendait au cimetière prier pour les morts puis dans la famille. C’était une affaire sobre, emplie de piété et de recueillement. On croyait que les morts revenaient sur le Terre durant la nuit du premier au deux novembre, visitant même les maisons qu’ils avaient habitées. On évitait donc de sortir cette nuit-là, laissant toute la place aux morts qui se promenaient. Ceux qui dérogeait à cette atmosphère sobre et sortaient « voir leurs blondes » étaient vus d’un mauvais œil.
Le jour des Morts, après la messe, on prenait part à la criée des âmes. C’était une vente de produit de la terre dont les recettes étaient remises à l’église afin de faire dire des messes pour les défunts. Il y a deux points importants ici, la révérence et le respect pour les morts ne se limitait pas à ces deux jours en particulier, mais était un processus continu et aussi l’incarnation de la notion de sacrifice. On se privait de certains biens ou de l’argent qui pouvaient découler de leur vente afin de procurer à nos morts les services dont ils avaient besoin de l’autre côté.
Dans la mesure du possible, j’essaie de rendre visite à ma famille décédée le 1er ou le 2 novembre. Je leur amène leur nourriture et boisson préférées ou que l’on partageait. Je fais un peu de ménage autour de leurs tombes ou je les décore si je le peux. Je leur parle, je passe du temps avec eux. Si je ne peux pas me rendre, je laisse mes offrandes sur mon autel le soir du 1er au moment où je finis ma neuvaine.
Je profite aussi du moment pour faire un sacrifice de temps, d’argent ou de ressources. Une manière d’honorer la mémoire d’une personne décédée est de se souvenir de son trait de personnalité qui nous a le plus marqués, ce qui a fait que cette personne était elle, et incarner cette qualité dans notre quotidien. Ainsi, à chaque action que l’on pose, l’être cher revit. Le jour des Morts me semble un moment indiqué pour faire un effort supplémentaire : soutenir une cause qui lui tenait à coeur, prendre des nouvelles des personnes les plus affectées par leur mort, travailler sur un projet commun…
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Traditions et folklores reliés à la Toussaint
On a dit plus haut que la terre saignait si on la travaillait le jour de la Toussaint (ou des Morts), mais il existe des variantes à cette histoire. Par exemple, les champs pouvaient être plutôt envahis par des souris ou encore le Diable pouvait se présenter pour aider le contrevenant, mais il finissait par l’amener en enfer avec lui.
On a aussi dit que les gens qui allaient faire la fête plutôt que de se recueillir le soir de la Toussaint étaient regardés d’un mauvais œil. Ils couraient aussi la chance de se faire poursuivre par des loups-garous. S’ils arrivaient à rentrer chez eux, c’était très tard et épuisé. Ils pouvaient rester cloués au lit pendant une semaine pour se remettre de leurs émotions.
On raconte aussi que le soir des Morts, il était possible de voir de petites lueurs au ras le sol, là où un trésor était caché. Bonne chasse!
Toussaint [IPA: tu.sɛ̃.] (All Saints’) and the jour des Morts [IPA: jor.dɛ.mɔr.] (Day of the Dead) was an important time in the lives of French Canadians, which is evinced by the fact that these days were considered statutory holidays. The traditions held on these days were rather uniform, since they were both under the tight control of the Church. However, some customs which were more on the fringes of society will be listed at the conclusion of this writing.

Some of the customs associated with Toussaint and the jour des Morts appear to be interchangeable. For example, it is said that if one works the fields on Toussaint the furrows would bleed. Yet, we see other sources where this phenomenon is said to take place on the jour des Morts.
Although the 1st of November was dedicated to the saints, it is quite evident that these days revolved around the dead and the ancestors. It would seem that these days were more tightly bound together than even the Catholic Church intended them to be.
At Toussaint, after mass, people would make their way to the cemetery to pray for the family’s dead. This was a sombre affair, replete with piety and contemplation. It was believed that the dead returned to Earth from the first to the second of November, visiting the houses in which they once lived. As such, people avoided going out on that night, leaving ample space for the roaming dead. Those who disregarded this sombre atmosphere, to go see their “blondes” [IPA: blɔ̃d.] (girlfriends) were not well looked upon.
On the jour des Morts, after mass, people took part in the criée des âmes [IPA: cri.e.dɛ.ɑm.] (souls’ auction). This was an auction where produce and livestock were sold and all proceeds went to the church in a bid to have masses delivered for the dead. There are two important points to be made here, namely that reverence and respect for the dead was not limited to these two days alone, rather this was a continuous process and an embodiment of the notion of sacrifice. We would deprive ourselves of certain goods or money which would result from the auction in an effort to procure certain services for the dead on the other side.
When at all feasible, I try to pay a visit to my dead relatives on the 1st or 2nd of November. I bring them their favorite food or drink or that which we used to share. I do a bit of housekeeping around their tombstones and if I can, adorn them. I speak to them, I spend time with them. If I can’t make it, I leave my offerings on my altar the night of the 1st where I have finished my Neuvaine [IPA: nœ.vɛn.].
I also take this opportunity to offer my time, money and resources. One way of honouring the memory of the dead is to remember the traits of their personality which have left the deepest impression upon us, which made them who they were and embody those qualities in our daily life. Thus, each thing we so do, brings life to the dearly departed. The jour des Morts is to me an opportunity to go that extra mile: that is to support a cause which was dear to them, get in touch with someone who was gravely affected by their loss or to work on a common project…
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Traditions and folklore related to Toussaint
As was said above, the earth would bleed if it was worked on Toussiant (or the jour des Morts), but other variations of this folklore were known as well. Such as, the fields could be overtaken by mice or even the Devil could make an appearance and assist the contravener in their work, but in the end they would be whisked off to hell along with him.
It was also said that those who would go out and celebrate rather than stay in and contemplate on Toussaint, were frowned upon. They also risked being pursued by the loup-garou [IPA: lu.ga.ru.] (French Canadian were-being). In such a case, if they made it home, it was by then very late and they would be exhausted. They could then remain bedridden for up to a week until their emotional state returned to normal.
It was said that on the Night of the Dead, one could see a shimmer on the ground where one could find hidden treasure. Happy hunting!
Sources
Le trésor caché de la Chunée in BARBEAU, Marius. Anecdotes Populaires du Canada. Première Série. The Journal of American Folklore, Vol. 33, No. 129 (Jul. – Sep., 1920), pp. 180
DESRUISSEAUX, Pierre. (1982) Le livre des prognostics au Québec – Dictons, croyances et conjurations du temps. Éditions Hurtubise HMH. Montréal. 246 p.
DOYON, Madeleine. Rites de la mort, dans la Beauce. The Journal of American Folklore, Vol. 67, No. 264, Canadian Number (Apr. – Jun., 1954), pp. 137-146
DUPONT, Jean-Claude. (1977) Héritage d’Acadie. Éditions Leméac. Ottawa. 376 p.
DUPONT, Jean-Claude. (1987) Légendes des villages. Québec. 66 p.
Le réseau de diffusion des archives du Québec – Coutumes et culture
MARTEL, Claude in Un brin d’histoire. Journal la revue, 24 octobre 2014
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