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Un peu partout où se trouvaient des communautés agricoles canadiennes-françaises, on érigea des croix en bordure de chemin (1).
Ces croix étaient érigées pour diverses raisons: commémorer un événement, indiquer la fondation de quelque chose (ferme, paroisse…), créer un lieu de rassemblement ou remercier pour une faveur obtenue (2).
Au mois de mai, ces croix étaient particulièrement sollicitées. On s’y rassemblait tous les soirs pour chanter des cantiques et réciter des prières pour le mois de Marie (3).
Bien sûr, en plus des utilisations officielles et sanctionnées par l’Église catholique, on retrouve quelques morceaux de folklore.
Par exemple, en Beauce, on croyait que les croix de chemin étaient des lieux de pénitences pour les loups-garous délivrés (4).
“[…] un nommé Oliver X, il partait pour venir veiller chez mon grand-père Lambert; en partant, il y avait un gros taureau qui lui faisait face. Le taureau fonça sur lui pour l’encorner. Lui, il était proche d’une clôture, et il a pris une perche puis il a fessé sur le taureau. En fessant dessus, un homme est apparu. Il lui dit “merci, Monsieur”. Puis il lui a demandé: “combien y a-t-il de croix de chemin pour se rendre à Beauceville?” Monsieur Gagné a répondu: “je ne sais pas, mais il y en a plusieurs”. On prétendait qu’il y avait quelques pénitences à faire au pied de ces croix-là” (4)
Aussi, on prétend que la croix de chemin avait le pouvoir de faire disparaître un diable (à ne pas confondre avec le Yâbe ou le Diable), si ce dernier avait le malheur de se cogner dessus. (5)
Les croix de chemin sont donc des endroits de forte énergie tout indiqués pour le travail magique. Si vous avez la chance de vous trouver près d’une croix de chemin, considérez d’y faire vos prochains rituels. Il peut être gênant d’y faire un rituel complet, ces croix se trouvant le plus souvent en bordure de route, mais il est possible d’y déposer rapidement des offrandes ou un papier où l’on écrit une pétition, par exemple. Si vous le désirez, vous pouvez aussi réciter une prière de votre choix comme le faisaient de nombreux ancêtres canadiens-français.
Il existe un type de croix moins bénéfique que la croix de chemin, celle créée par les routes elles-mêmes: le carrefour.
Les carrefours sont le lieu où l’on faisait la criée de la poule noire. C’est un endroit où le Diable peut apparaître pour faire un pacte (4). Selon mon expérience, c’est un lieu puissant énergétiquement, mais auquel aucun jugement moral n’est attaché. Vous pouvez donc y faire n’importe quel type de travail magique. C’est un lieu mieux indiqué pour une malédiction que la croix de chemin. L’avantage d’un carrefour est qu’il se trouve partout, contrairement à la croix de chemin.
Je vous laisse donc avec une formule beauceronne pour maudire quelqu’un (4).
“Mangeur d’automne, strappe à rasoir, je te maudis, je t’ensorcelle, tablisbo, je te défuntise jusqu’à la troisième génération. Couenne d’enfer, sacari, sacara, bac à tabi, blague à tabac, tu te souviendras de moi”.


Wherever there were French Canadian farming communities, wayside crosses were erected (1).
These crosses were erected for a variety of reasons: to commemorate an event, to mark the founding of something (farm, parish…), to create a gathering place or to give thanks for a favour (2).
In May, these crosses were particularly popular. People gathered there every evening to sing hymns and recite prayers for the month of Mary (3).
Of course, in addition to the official uses sanctioned by the Catholic Church, there were also a few pieces of folklore.
In the Beauce region, for example, wayside crosses were believed to be places of penance for delivered werewolves (4).
« […] a man named Oliver X, he was leaving to come and stay with my grandfather Lambert; as he was leaving, there was a big bull facing him. The bull charged at him to gore him. He was near a fence, so he took a pole and smacked the bull. As he smacked it, a man appeared. He said « thank you, sir ». Then he asked him, « How many wayside crosses are there to Beauceville? » Monsieur Gagné replied, « I don’t know, but there are several. It was said that there were some penances to be done at the foot of these crosses » (4).
It is also said that the cross had the power to make a devil (not to be confused with the Yâbe or Devil) disappear, if he had the misfortune to bump into it. (5)
Wayside crosses are therefore ideal high-energy locations for magical work. If you’re lucky enough to be near one, consider doing your next ritual there. It may be awkward to perform a full ritual there, as these crosses are usually on the side of the road, but it’s possible to quickly place offerings or a piece of paper on which to write a petition, for example. If you wish, you can also recite a prayer of your choice, as many French Canadian ancestors did.
There’s a type of cross that’s less beneficial than the wayside cross, the one created by the roads themselves: the crossroads.
Crossroads are where the black hen was auctioned. It’s a place where the Devil can appear to make a pact (4). In my experience, it’s an energetically powerful place, but one to which no moral judgement is attached. So you can do any kind of magical work here. It’s a better place for a curse than the wayside cross. The advantage of a crossroads is that it can be found everywhere, unlike a wayside cross.
So I leave you with a Beauceron formula for cursing (4):
“Eater of autumn, razor strop, I curse you, I bewitch you, tablisbo, I will end you to the third generation. Hell rind, sacari, sacara, tabi tub, tobacco pouch, you’ll remember me.”
(Mangeur d’automne, strappe à rasoir, je te maudis, je t’ensorcelle, tablisbo, je te défuntise jusqu’à la troisième génération. Couenne d’enfer, sacari, sacara, bac à tabi, blague à tabac, tu te souviendras de moi.)
- site web Beauce magazine – Les croix de chemin accédé 2024-01-21
- site web Les croix de chemin au Québec accédé 2024-01-21
- DORAIS, Louis-Jacques. “La Vie Traditionnelle Sur La Côte De Beaupré, Au Début Du XX Siècle.” Revue d’histoire de l’Amérique française 19, no. 4 (March 1966)
- DUPONT, Jean-Claude (1974). Le légendaire de la Beauce. Québec, les éditions Garneau. 149 p.
- DUPONT, Jean-Claude (1987). Légendes des villages. Sainte-Foy. Éditions Légendes des villages. s
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