Ti-Djo Grekzède

Il y a quelques années, nous vous présentions deux ancêtres de la tradition de Sorcellerie.

Nous en découvrons de temps en temps et aujourd’hui, nous voulons vous parler de Ti-Djo Grekzède.

Ti-Djo Grekzède est un sorcier de chantier comme il devait en exister plusieurs. Nous sommes chanceux qu’une de ces histoires se soit rendue jusqu’à nous par le biais des « Anecdotes populaires du Canada français », un article écrit par Marius Barbeau.

Ti-Djo aimait jouer des tours. Il mettait des billots de quatre pouces (10 cm) sous ses pieds et faisait semblant de pouvoir flotter sur l’eau. Le foreman* du chantier essaya de faire de même, mais tomba à l’eau. Comme le foreman était orgueilleux, il décida de se venger de Ti-Djo et l’envoya chercher le courrier sans canot, car il marchait si bien sur l’eau. Ti-Djo acquiesça, mais le lendemain il refusa de se lever. Devant cette insubordination, le foreman claira** Ti-Djo, mais pas avant que ce dernier n’ait averti le foreman que les gars partis « ne bûcheraient pas ».

Ti-Djo prend son paquet et quitte le chantier. En chemin, il croise une gàgn***qui n’arrive pas à bûcher. Le foreman essaie de bûcher à son tour, mais sans résultats. Tout le monde se regarde puis un des amis de Ti-Djo s’approche du foreman et lui dit : « C’est Grekzède qui a fait ça. Il n’y a rien que lui pour nous faire bûcher ». Grekzède et le foreman se regardent en chiens de faïence. Le foreman se sait battu par Ti-Djo, mais Ti-Djo est aussi battu, car il a perdu son emploi. Il s’approche de Ti-Djo et lui demande s’il peut les faire bûcher. Ce dernier réponds que oui, mais il ne veut plus être traité injustement. Le foreman redonne son emploi à Ti-Djo et c’est ici que l’on voit ses talents de sorciers au travail. Ti-Do demande aux hommes de planter leur hache dans une souche et de se mettre en rond autour de lui. Il sort son couteau puis gratte les manches des haches un à un (il y en a 27!) et à chaque fois, une petite mouche sort du manche. Par la suite, les gars purent reprendre le travail.

Avant de conclure son histoire, le conteur ajoute un autre fait magique de Ti-Djo Grekzède. Lors de la drave****, un petit groupe d’homme suit les billots par la grève. Arrivés à un lac qu’ils devaient traverser, ils ne trouvèrent pas d’embarcation. Ils devaient traverser ou mourir de faim dans le bois. Ti-Djo ne fit, ni une ni deux et étendis son mouchoir sur l’eau et dit :  « Embarquez à ct heure***** et fermez les yeux jusqu’à ce que je vous dise de les ouvrir ». Tout le monde embarque, tout le monde ferme les yeux. Au bout de quelques secondes, Ti-Djo frappe dans ses mains et leur ordonne d’ouvrir les yeux. Cela prend quelques instants aux hommes pour se repérer, car ils ne reconnaissent pas où ils sont. Ils avaient traversé le lac et se trouvaient sur la rive opposée.

Ti-Djo Grekzède est un personnage haut en couleur qui peut aider quand on en a le plus besoin. Quand nous nous sentons bloqués dans une situation, nous pouvons faire appel à Ti-Djo Grekzède pour qu’il vienne libérer notre mouche ou étendre son mouchoir pour que l’on traverse un obstacle. Il faut aussi se souvenir que Ti-Djo ne s’en laisse pas imposer. On peut également invoquer sa force lorsque l’on doit se tenir debout dans une situation délicate.

*contremaître

**congédia

***groupe/gang

****l’action de faire descendre les billots de bois par la rivière est appelée la drave, qui vient de « drive » en anglais.

*****maintenant


A few years ago, we introduced you to two ancestors of the Sorcellerie tradition.

We discover new ones from time to time, and today we’d like to talk to you about Ti-Djo Grekzède.

Ti-Djo Grekzède is a lumber camp sorcerer, of whom there must have been several. We’re lucky that one of these stories came to us through the ‘Anecdotes populaires du Canada français’, an article written by Marius Barbeau.

Ti-Djo liked to play tricks. He would put four-inch (10 cm) logs under his feet and pretend he could float on water. The foreman in the camp tried to do the same, but fell into the water. As the foreman was proud, he decided to take revenge on Ti-Djo and sent him to fetch the mail without a canoe, as he walked so well on water. Ti-Djo agreed, but the next day he refused to get up. Faced with this insubordination, the foreman sacked Ti-Djo, but not before Ti-Djo had warned the foreman that the lads who had went out ‘would not do their lumbering’.

Ti-Djo takes his bundle and leaves the site. On the way, he comes across a gang who can’t manage to get any lumbering done. The foreman tries to lumber on, but to no avail. Everyone looks at each other, then one of Ti-Djo’s friends approaches the foreman and says: ‘Grekzède did it. He’s the only one who can make us work’. Grekzède and the foreman stare at each other. The foreman knows he has been beaten by Ti-Djo, but Ti-Djo is also beaten because he has lost his job. He approaches Ti-Djo and asks him if he can get them to work again. Ti-Djo replies that he can, but he doesn’t want to be treated unfairly any more. The foreman gives Ti-Djo his job back and this is where we see his sorcery at work. Ti-Do asks the men to stick their axes into a stump and stand in a circle around him. He pulls out his knife and scratches the handles of the axes one by one (there are 27 of them!) and each time, a little fly comes out of the handle. After that, the guys could get back to work.

Before concluding his story, the storyteller adds another magical fact about Ti-Djo Grekzède. During the log drive, a small group of men followed the logs along the shore. When they got to a lake they had to cross, they couldn’t find a boat. They had to cross or starve to death in the woods. Ti-Djo made no bones about it, spread his handkerchief over the water and said: ‘Come aboard and close your eyes until I tell you to open them’. Everyone got on board and closed their eyes. After a few seconds, Ti-Djo clapped his hands and ordered them to open their eyes. It takes a few moments for the men to find their bearings, because they don’t recognise where they are. They had crossed the lake and were on the opposite bank.

Ti-Djo Grekzède is a colourful character who can help when you need him most. When we feel stuck in a situation, we can call on Ti-Djo Grekzède to come and “free our fly” or spread his handkerchief to get us through an obstacle. It’s also important to remember that Ti-Djo doesn’t allow himself to be imposed upon. You can also invoke his strength when you have to stand up in a tricky situation.


Source:

BARBEAU, Marius. Anecdotes Populaires du Canada. Première Série. The Journal of American Folklore, Vol. 33, No. 129 (Jul. – Sep., 1920), p. 269-271

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