English follows
Cette semaine nous vous partageons un article bien spécial.
Il y a un peu plus d’un mois, nous avons découvert des peintures extraordinaires ornant un autel canadien-français. L’artiste responsable de ces créations à couper le souffle est Laurence Olivier Julien Côté et il a eu la gentillesse de nous accorder une petite entrevue. Il nous a également accordé la permission de partager des photos de son autel que vous pourrez admirer au travers de cet article. Enjoy!
1- pouvez-vous nous parler un peu de vous, nous donner une petite bio?
Laurence Olivier Julien Côté, gradué de l’université d’Ottawa baccalauréat en histoire et études celtiques , ainsi que diplomé du programme d’études costumes historiques et théatrales de l’Université Dalhousie. J’habite a Halifax, Nouvelle-Écosse, où la proximité de l’océan et les forêts acadiennes m’inspirent dans mon chemin spirituel. Ma famille vient du Saguenay Lac-Saint-Jean (où je considère comme mon chez-moi) et des Îles de la Madeleine. J’ai grandi dans ma famille québécoise et acadienne malgré le déracinement d’une vie militaire. Je pratique ma spiritualité a travers mes oeuvres artistiques et l’apprentissage de mes racines ancestrales, ainsi que les passe-temps culturels, tel le violon.
2- comment vous êtes-vous intéressé à la magie folklorique du Canada français?
Alors de mon cheminement religieux, j’ai grandi catholique. J’ai toujours aimé le rituel de la messe étant enfant. Lors de mon adolescence, j’ai lu et exploré les philosophies néo-païennes et celtiques, mais je me sentais comme si je ne pouvais pas me trouver dans le sens de soi attaché a ces spiritualités. Tous les livres disponibles étaient au sujet de la magie et les pratiques anglophones et celtiques et nordiques. Cependant, il n’y avait aucune ressource magico-religieuse disponible sur les pratiques d’antan francophones ou québécoises, et acadiennes sur les étagères des magasins de livres populaires. Alors j’ai passé du temps à faire le survol des ressources d’archives, folkloriques et familiales, et j’ai trouvé une culture qui était mon chez-moi déjà, avec plein de rituels et de manières cosmologiques. Les biographies de mes arrières-grands-mères écrites par mes grandes-tantes m’ont aussi appris les coutumes familiales de leur catholicisme pratiqué chez eux, et par rapport à leurs terres, jardins, et bateaux.
3- nous avons tellement aimé votre autel, pouvez-vous nous parler de votre inspiration et de votre démarche?
Je voulais un autel qui répondrait à mes besoins de communion de messe blanche, ainsi que les sortilèges, tout en ayant l’esprit que c’est un meuble me rappelant du Saguenay. Mes grands-parents paternels ont des meubles de bois francs, souvent fait à la main et local, et mon grand père aime sculpter le bois. J’ai eu la chance de trouver un meuble de cuisine fait à la main des années 70s sur Facebook marketplace! Tous les détails de ce dernier me rappelaient des meubles de ces chères relations. Alors, j’ai commencé à envisager l’autel de mes rêves (et toujours en progrès). J’ai commencé par l’oeuvre du cabinet, le Cap Éternité du Fjord Saguenay, ou la grande statue de la Vierge Marie veille sur les environs. Les montagnes des Laurentides du Saguenay m’ont toujours émerveillé. Et tout un paysage majestueux pour un grand autel. Ensuite, je me suis consacré aux oeuvres de vitrines. J’ai dessiné les motifs par feutre acrylique, et avec les peintures vitrine Pebeo, j’ai peint les sections. Je voulais donner l’impression des fenêtres d’église, mais avec des sujets de catholicisme populaire et du passé quotidien et culturel de mes ancêtres. Les bordures des vitrines sont inspirées par les vitrines de l’église catholique Saint-Pierre à Chéticamp.


La première fenêtre est une copie des moissons peinte par Clarence Gagnon (1881-1942), et me rappelait du quotidien fermier de ma parenté au Saguenay. Dans ce cabinet se trouvent mes photos de parenté et de famille, ainsi que mes livres de fêtes populaires et de messe blanche, ainsi que mon livre de généalogie.

La fenêtre du centre est l’un de mes propres oeuvres de la Vierge Marie Étoile de la Mer, sainte patronne des Acadiens. Elle était un porte-chance aux pêcheurs et marins lors de leurs excursions en mer, pour la bonne pêche,la bonté, et la protection contre les tempêtes. Je me suis inspiré beaucoup des descriptions des Îles de la Madeleine parvenue par mon arrière grand-mère, et des aurores boréales aux Îles. « Ave Maris Stella », la prière, est aussi le titre de l’anthème* du peuple acadien. Dans ce cabinet se trouve le tabernacle que j’ai fait d’une lanterne peinte par moi-même, où je garde l’hostie selon les rites de l’église avec un lampion toujours allumé, sauf le Vendredi saint.


La troisième fenêtre est en fait inspiré par votre blog et votre article sur la chasse-galerie! Vous avez raison, le Diable est toujours là pour jouer un tour ou t’amener en bon débarras, et l’histoire de la chasse-galerie enchante. De plus, mes ancêtres bûcherons et voyageurs y sont certainement représentés par la fenêtre aussi. Certains voyageurs d’antan offraient des offrandes aux Grands Lacs lors de leurs voyages aux pays d’en haut. Dans ce cabinet se trouve un autel à la Sainte Anne, sainte patronne des voyageurs, des savoirs religieux. Certains peuples algonquiens de l’est du Canada considèrent Sainte Anne comme Grand-Mère dans leurs propres cosmologies catholiques, alors je garde aussi mes bijoux parvenus du musée Ilnu de Mashteuiatsh pour rendre hommage à mes ancêtres lointains Ilnus. Je garde aussi ma boîte d’herbes, ma Bible où j’écris des passages et des sortilèges dans ces bordures de page, ainsi que ma tasse de thé pour la lecture des feuilles.

Les tiroirs contiennent mes outils de sortilège, les vaisseaux de communion, et mes foulards liturgiques que je porte dépendant de la couleur liturgique de la journée sainte. Dans le cabinet du bas s’y trouvent tous mes livres de référence naturels et théologiques, les monographies historiques, et les contes auquel mon milieu religieux s’inspire. Je vais y peindre dans les médaillons de portes des scènes folkloriques, mais ça c’est à plus tard!

4- pouvez-vous nous parler des objets qui entourent votre autel?
Au côté droit, j’ai une petite table pour vénérer la sainte Vierge Marie, avec une petite barque servant d’étagères pour tenir des statues, mon rosaire, et un petit tapis tissé a Chéticamp pour tenir une tasse de thé pour mes moments de repos et de méditation. L’autel a aussi des bougies de chaque côté tenu par des candélabres fleur de lys pour la Sainte Trinité. J’ai aussi une grande chandelle pascale que je bénis à chaque Pâque selon les coutumes de l’église, allumée lors de chaque rite. Accoté au côté gauche est mon bâton de marche et de rite, « Coureur des loups » que mon grand-père m’a sculptés il y a 15 ans. Je l’utilise comme une extension de moi-même et comme amplificateur de magie. Je vais toujours dans les bois avec. J’ai aussi une ceinture fléchée en laine au motif d’Assomption, créé par Etchiboy, un artiste métis. Je le porte lors de mes rites et de mes excursions boisés.






5- que diriez-vous vous à quelqu’un qui hésite à s’engager sur cette voie spirituelle?
Prends les risques! Il y a tellement de savoir caché dans votre propre arbre familial, et il est possible de se trouvé une place de réconfort dans le message essentiel du Christ tout en dénonceant et critiquant les atrocités engendrées par l’institution. Il est important de voir les nuances dans tout, rien n’est simple. Si tu te sens chez toi, et que ça t’apporte du réconfort et de la force lorsque tout va mal, tu es dans une bonne voie.
Merci Laurence Olivier Julien Côté d’avoir partagé tout cela avec nous. Nous sommes toujours autant sous le charme de vos créations. Nous espérons que votre cheminement dans cette voie spirituelle vous amène ce dont vous avez besoin et, bien égoïstement, nous espérons qu’elle vous inspirera d’autres œuvres.
*hymne
Interview with Laurence Olivier Julien Côté.
This week we’re sharing a very special article with you.
Just over a month ago, we discovered some extraordinary paintings adorning a French-Canadian altar. The artist responsible for these breathtaking creations is Laurence Olivier Julien Côté, and he was kind enough to grant us a short interview. He also gave us permission to share photos of his altar, which you can admire in this article. Enjoy!
1- Can you tell us a bit about yourself, give us a little bio?
Laurence Olivier Julien Côté, a graduate of the University of Ottawa with a B.A. in History and Celtic Studies, as well as a graduate of Dalhousie University’s Historical Costume and Theatrical Studies program. I live in Halifax, Nova Scotia, where the proximity of the ocean and the Acadian forests inspire me on my spiritual path. My family comes from Saguenay Lac Saint-Jean (where I call home) and the Magdalen Islands. I grew up with my Quebecois and Acadian family despite the uprooting of a military life. I practise my spirituality through my artistic works and learning about my ancestral roots, as well as cultural hobbies such as the violin.
2- How did you become interested in the folk magic of French Canada?
I grew up Catholic. I always loved the ritual of mass as a child. In my teens, I read and explored neo-Pagan and Celtic philosophies, but I felt like I couldn’t find myself in the sense of self attached to these spiritualities. All the books available were about English and Celtic and Nordic magic and practices. However, there were no magico-religious resources available on the shelves of popular bookstores on old-time French or Québecois and Acadian practices. So I spent some time browsing through archival, folklore and family resources, and found a culture that was already my home, with lots of rituals and cosmological ways. The biographies of my great-grandmothers written by my great-aunts also taught me the family customs of their Catholicism practised at home, and in relation to their land, gardens and boats.
3- We loved your altar so much, can you tell us about your inspiration and approach?
I wanted an altar that would meet my needs for white mass communion, as well as spells, while keeping in mind that it’s a piece of furniture that reminds me of the Saguenay. My paternal grandparents have hardwood furniture, often handmade and local, and my grandfather likes to carve wood. I was lucky enough to find a handmade kitchen cabinet from the 70s on Facebook marketplace! All the details on it reminded me of furniture from those dear relations. So I began to envision the altar of my dreams (and still in progress). I started with the cabinet piece, Cap Éternité du Fjord Saguenay, where the large statue of the Virgin Mary watches over the surrounding area. The Laurentian mountains of the Saguenay have always amazed me. A majestic landscape for a great altar. After that, I devoted myself to the works in the windows. I drew the motifs using acrylic felt-tip pens, and then painted the sections using Pebeo window paints. I wanted to give the impression of church windows, but with subjects from popular Catholicism and the everyday and cultural past of my ancestors. The window borders were inspired by the windows of Saint-Pierre Catholic Church in Chéticamp.


The first window is a copy of the harvest painted by Clarence Gagnon (1881-1942), and reminded me of my relatives’ daily farm life in the Saguenay. In this cabinet are my family photos, as well as my folk festival and white mass books, and my genealogy book.

The window in the centre is one of my own works of the Virgin Mary Star of the Sea, patron saint of the Acadians. She was a good luck charm for fishermen and sailors on their sea excursions, for good fishing, kindness, and protection against storms. I drew a lot of my inspiration from my great-grandmother’s descriptions of the Magdalen Islands, and of the Northern Lights in the Islands. « Ave Maris Stella », the prayer, is also the title of the anthème of the Acadian people. In this cabinet is the tabernacle that I made from a lantern I painted myself, where I keep the host according to the rites of the church with a lantern that is always lit, except on Good Friday.


The third window was actually inspired by your blog and your article on the Chasse galerie! You’re right, the Devil is always there to play a trick or take you on a wild journey, and the story of the Chasse galerie is enchanting. What’s more, my logging and voyageurs ancestors are certainly represented there through the window too. Some voyageurs of days gone by made offerings to the great lakes on their journeys to the lands above. In this cabinet is an altar to Sainte Anne, patron saint of travellers and religious knowledge. Some of the Algonquin peoples of eastern Canada consider Sainte Anne to be the Grandmother in their own Catholic cosmologies, so I also keep my jewellery from the Ilnu museum in Mashteuiatsh to pay homage to my distant Ilnu ancestors. I also keep my box of herbs, my Bible where I write passages and spells in the margins, and my cup of tea for reading the leaves.

The drawers contain my sorcery tools, the communion vessels, and my liturgical scarves, which I wear depending on the liturgical colour of the holy day. In the lower cabinet are all my natural and theological reference books, historical monographs and the tales that inspire my religious environment. I’m going to paint folk scenes in the door medallions, but that’s for later!

4- Can you tell us about the objects that surround your altar?
On the right-hand side, I have a little table for venerating the Blessed Virgin Mary, with a little boat used as a shelf to hold statues, my rosary, and a little rug woven in Chéticamp to hold a cup of tea for my moments of rest and meditation. The altar also has candles on either side held by fleur-de-lys candelabras for the Holy Trinity. I also have a large Paschal candle that I bless every Easter according to the customs of the church, lit during each rite. Next to the left is my walking stick and rite staff, « Coureur des loups (Wolf Runner) », which my grandfather made for me 15 years ago. I use it as an extension of myself and as a magic amplifier. I always go into the woods with it. I also have a woollen sash with an Assumption motif, created by Etchiboy, a Métis artist. I wear it for my rituals and excursions into the woods.






5- What would you say to someone who is hesitating to begin on this spiritual path?
Take your chances! There’s so much knowledge hidden in your own family tree, and it’s possible to find comfort in the essential message of Christ while denouncing and criticising the atrocities caused by the institution. It’s important to see the nuances in everything, nothing is simple. If you feel at home here, and it brings you comfort and strength when things go wrong, you’re on the right track.
Thank you Laurence Olivier Julien Côté for sharing all this with us. We hope that your journey along this spiritual path brings you what you need and, quite selfishly, we hope that it inspires you to create other works.
Laisser un commentaire