Les lutins

English follows

Avez-vous déjà entendu parler de ces petits malices un peu malfaisants nommé lutin? Si non, dans cet article, je vous raconterai comment nous avons connu de ces créatures à partir de diverses sources comme les anecdotes, les récits folkloriques et autre collection.

Premièrement le mot “lutin” a une origine bien incertaine. Il est possible que ça vienne du vieux français « luitier » (se battre) ou encore du mot, toujours en vieux français « nuiton » (nuit) ou encore de « Netun » provenant lui-même du latin Neptunnus (1). En fait, nous ne savons pas vraiment d’où vient de terme. Ceci dit, pour les Canadiens français, un lutin était une petite créature qui vivait surtout dans les écuries et qui aimait monter les chevaux la nuit… ce qui pourrait être en relation avec le fameux « nuiton ». 

Deuxièmement, il y a des caractéristiques clés du lutin qui semblent être communes à toute la Nouvelle-France, que ce soit les Canadiens des maritimes, de l’Acadie, du long du Saint-Laurent ou même des États-Unis. Ce que nous savons c’est que, comme mentionné précédemment, ils vivent dans les écuries ou les étables. Ils montent les chevaux la nuit, ce qui noue la crinière des chevaux en torons. Ces noeuds pourraient avoir quelques similitudes avec les “elf-locks” que l’on retrouve dans certaines traditions européennes (2). On peut aussi s’en débarrasser, ou au moins leur faire obstacle, en plaçant une boîte de grain (ou de cendres) au-dessus de la porte de l’écurie pour que celle-ci tombe lorsque les lutins entrent dans l’écurie. À ce moment, les lutins seront contraints à ramasser tous les grains, ce qui est très frustrant (3).  

À Terre-Neuve, John et Clara White nous racontent qu’à Kippens, il y avait un lutin (mais en anglais ils utilisent le mot “fairy”(fée)) qui tressait les crinières des chevaux. C’est la même information qui fut relayée par trois autres interlocuteurs: Joseph Simon, Joseph Bolzec et Émile Benoit. Ils provenaient tous des colonies françaises et ont soit eu l’expérience des lutins ou en ont été informés par leurs parents. À Kippens, les Whites se rappelaient que les crinières étaient vraiment tressées et non pas nouées au hasard. John nous informe qu’ils mettaient une boîte d’avoine au-dessus de la porte et que le lutin, s’il la faisait tomber, était forcé de tout ramasser! (4)

En Gaspésie, un certain Poléon Vallée raconta à Marius Barbeau que les lutins faisaient galoper ses juments toute la nuit. Les pauvres bêtes étaient retrouvées le matin épuisées de leur nuit avec la crinière toute tressée. Malgré que les animaux devaient courir toute la nuit, il est dit que les lutins prenaient bien soin des chevaux. Les juments n’étaient pas maltraitées (5). Quant aux tresses, ce n’étaient pas des tresses naturelles et, toujours selon Poléon Vallée, sa femme devait défaire les tresses pour que les lutins ne puissent jamais les refaire. Selon Poléon c’était parce que sa femme était enceinte que les lutins ne pouvaient pas tresser à nouveau les crinières qu’elle avait défaites.

En Beauce, selon Mme Vachon, les lutins aimaient leur cheval roux. Son mari n’appréciait pas que les petites créatures viennent et sellent leur cheval, le faisant galoper toute la nuit et laissant sa crinière toute tressée. Alors son mari élabora un plan. Il plaçat une petite assiette de cendres au-dessus de la porte de l’écurie et quand le lutin a essayé de sortir avec sa monture, il renversa la cendre. Le lutin dut alors revenir sur ses pas et ramasser le contenu de l’assiette. Le lutin n’apprécia pas ce traitement, se fâcha et partit. À partir de ce moment, ils n’eurent plus de problèmes de lutin (6).

Il est intéressant de noter que dans les endroits où l’anglais a éventuellement supplanté le français, les gens ont commencé à utiliser le mot « fairy » et « lutin » de manière interchangeable. Cependant, quand vous grattez la surface de cette croyance populaire, vous y trouvez toutes les caractéristiques du lutin. Alors, si vous êtes un Canadien français vivant aux États-Unis, ou l’un de leurs descendants, que vous vivez dans un milieu historiquement canadien-français, les chances sont que si vous entendez des histoires où des fées vivant dans des écuries, chevauchant les animaux et tressant leurs crinières sont repoussées par de l’avoine ou des cendres… vous avez en fait un lutin!


Have you ever heard tell of those mischievous little malices know as the lutin? If not, in this post we will relay what we have come to know of these beings from the bountiful sources at our disposal, such as anecdotes, folktales and other recollections. 

Firstly, the name “lutin” is of very uncertain origin. It is possible that it comes from the old French “luitier” (to fight) or a corruption of the Old French “nuiton” (night) or event “netun”, a corruption of the Latin “Neptunnus” (1). The fact is, we really don’t know where that name comes from. That said, the fact remains that among the French Canadians, a lutin is a pixie-like creature which lives predominantly in horse stables and they like to ride the horses in the night… which may be a relation to the older “nuiton”.

Secondly, there are some key characteristics of the lutin which appear to be found across the spectrum throughout old New France. Whether in the Canadian maritimes, Acadia or along the Saint-Lawrence, even down into the United States. What we know is that, as mentioned, they reside in barns. They also ride the horses at night, which causes their manes to tangle in knots. These knots may be similar to “elf-locks” found in European traditions (2). They can also be warded off or stymied by placing a box of grain (or ashes) above the barn door, at which point the box falls and they are compelled to pick up all the grains… which is very very frustrating (3). 

In Newfoundland, a certain John and Clara White  relayed in 1980 that at Kippens there was a fairy (a lutin, but in English they used fairy) that would braid the horses manes. This was the same information relayed by three other interlocutors, Joseph Simon, Joseph Bolzec and Emile Benoit. Each from the French settlement area and each having experienced or having been informed of the lutins by their parents. At Kippens, the Whites recalled that the manes were braided, not just haphazardly knotted. John informed that they would put a box of oats atop the door and they “if he knocked it over, well he was forced to pick it all up!” (4).

In Gaspésie, one Poléon Vallée recounted to Marius Barbeau that the lutins would come and ride his mares all night. The poor beasts would be found in the morning tired from the night ride and their manes were all braided up. Although the mares were ridden long and hard in the night, it is claimed that the lutins would take good care of the beasts all the same. They were not mistreated (5). As for the braids, there were not natural braids and according to Poléon, his wife had to undo them so that the lutins would not braid them again. According to Poléon, as his wife was pregnant, the lutins would not re-braid the manes she undid. 

In Beauce, according to Mrs. Vachon, the lutins loved their ruddy horse. Her husband did not appreciate the little creatures coming and saddling up their horse, taking it out on night rides and leaving its mane in braids. So, her husband devised a plan. He placed a small tray of ashes but the door to the barn and when the lutin tried to leave on its mount, it spilled the tray and was compelled to come back and clean up its mess. This, the lutin did not appreciate, he got mad and left. From then on they didn’t have any problems anymore (6). 

It is interesting to note that in places where French Canadian culture was eventually supplanted by English, the people began using fairy and lutin interchangeably. However, when you scratch the surface of this popular belief, you begin to see all the hallmarks of the lutin. So, if you are a French Canadian in the United States, living in a historically French Canadian milieu… chances are if you hear tell of fairies who live in the barn, ride horse, braid their manes and are repelled by oats or ashes, well let me tell you, you got yourself a lutin! 


Sources:

  1. https://en.wiktionary.org/wiki/lutin#:~:text=Inherited%20from%20Middle%20French%20luitin,of%20Old%20French%20netun%20(%E2%80%9Cmarine  
  2. https://en.wikipedia.org/wiki/Fairy-lock 
  3. Butler, Gary R. The Lutin Tradition in French-Newfoundland Culture: Discourse and Belief. Memorial University, 1991. p.15
  4. Ibid. 
  5. C.-Marius Barbeau Source: The Journal of American Folklore, Vol. 33, No. 129 (Jul. – Sep., 1920), p. 182 
  6. Ibid. p. 183 

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