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Question 1: Contes favories de Morrigane et Erik
Le conte populaire préféré d’Erik : Si je devais choisir un conte favori de tous les temps, ce serait probablement La Petite capuche bleue qui a été enregistré par Marius Barbeau auprès du conteur Achille Fournier en 1915. M. Fournier, de Kamouraska, l’avait appris de Jérémie Ouellet de la même région. Ces deux conteurs étaient connus pour échanger des histoires pendant de nombreuses années. Ce que j’aime de ce conte, c’est le personnage central de la Petite capuche bleue, une farceuse qui veut faire de la vie des protagonistes – Ti-Jean, Brise-Montagne et Brise-Bois – un… cauchemar. Le but du voyage entrepris par Ti-Jean est, bien sûr, de sauver une belle princesse d’un monde souterrain. La Petite capuche bleue est tuée et ressuscite deux fois. Elle interfère dans la préparation de la soupe aux pois… ce qui est un sacrilège dans la culture canadienne-française. Surtout, nous voyons apparaître l’Aigle, qui emmène Ti-Jean hors de le donjon souterrain, en sécurité, avec la princesse. Pour moi, ce conte populaire a tout ce qu’il faut pour être un récit agréable et captivant, plein de mystère et de magie.
Le conte populaire préféré de Morrigane: Ma légende favorite est sans hésitation “Rose Latulipe” aussi connu sous le nom de “le Diable à la danse”. Il existe des dizaines de variations de cette légende, mais les grandes lignes sont toujours les même: une jeune femme devant se marier danse à une fête qui a lieu la soirée du Mardi gras (parfois simplement un samedi). Le curé à autoriser cette fête à condition qu’elle se termine avant minuit car à minuit commence le Carême (ou le Jour de Dieu). Au milieu de la soirée, un bel inconnu arrive à la fête. Il se met à danser avec la jeune fille. Quand minuit sonne, la jeune fille ne peut arrêter de danser plus que les musiciens ne sont capables d’arrêter de jouer. Le danseur est démasqué comme étant le Diable (ou se révèle lui-même) et disparaît avec la jeune fille. Parfois il emporte toute la maisonnée, parfois il part sans emporter qui que ce soit, mais la jeune fille vieillit de plusieurs décennies en une seule nuit. Il arrive aussi qu’on le démasque et qu’on le chasse avant qu’il ne puisse forcer la fête à se prolonger. Ce que j’aime le plus dans ce conte, c’est combien on retrouve de folklore dans les détails de diverses versions. Parfois un bébé pleure à toute les fois que le danseur passe devant lui, le cheval du danseur est toujours noir et parfois la neige fond autour de ses sabots, parfois on voit les pieds fourchus du danseur lorsque son pantalon se soulève en dansant. Ce sont tous des moyens de reconnaître le Diable que l’on retrouve dans plusieurs ouvrages sur le folklore. Lorsqu’il est démasqué avant d’avoir pu réussir son dessein, c’est souvent par une grand-mère. Parfois elle avertit le pauvre fiancé qui est bien peiné de voir sa future épouse danser toute la soirée avec un autre homme, mais le plus souvent, elle agit seule. Elle sait ce qu’elle a à faire et elle sait qu’on ne la croira probablement pas. Elle peut lui demander de réciter une prière ou de boire un verre d’alcool dans lequel elle a versé de l’eau bénite, entre autres. Si le Diable est ainsi déjoué, il disparaît soit en se sautant sur son cheval qui peut entrer directement dans le sol pour le ramener en enfer, un motif que l’on retrouve aussi dans le folklore du Diable bâtisseur, ou encore il peut disparaître dans un nuage de fumée en laissant derrière lui une odeur de soufre. Mes versions favorites sont celles où ce sont les pleurs du bébé que la grand-mère tient dans ses bras qui mettent la puce à l’oreille de cette dernière. Le savoir instinctif du début de la vie qui est décodée par la sagesse de l’aĝe me plait particulièrement.
Question 2: Les Dames fées et les créatures blanches:
Nous pensons que quand vous parlez des Dames Fées, vous faites référence à l’atelier d’Erik qu’on peut entendre ici (en anglais seulement). Nous profitons de ce moment pour clarifier un point: les dames fées dont Erik parle lors de son atelier sont les fées que l’on retrouve dans les contes et non pas dans les anecdotes/folklore. Les contes récités par les conteurs lors des soirées regorgeaient de fées et de sorcières, deux termes souvent interchangeables dans les contes. Les habitants du Canada français ne rencontraient pas souvent de fées “dans la vraie vie”. Nous avons recensé certaines de ces occasions dans cet article. Les contes et les anecdotes sont aussi importants l’un que l’autre. Les anecdotes nous donnent des pratiques traditionnelles qui étaient testées et utilisées par différents individus alors que les contes nous donnent une fenêtre sur la vision que les Canadiens français avaient du monde. Ceci se reflète aussi dans la Sorcellerie. La majorité des sortilèges et une bonne partie des traditions proviennent des anecdotes, mais le contexte dans lequel on les place et aussi la direction que prends notre exploration est tributaire des contes.
La question portait aussi sur l’importance/la signification de la couleur blanche. Cette portion de la question nous a inspiré une série sur les couleurs dans la Sorcellerie, alors une réponse plus détaillée viendra, mais nous voulions quand même donner les grandes lignes. La couleur blanche a effectivement une grande importance dans les contes. Elle indique la nature surnaturelle du personnage. Ce n’est pas la seule couleur qui indique le merveilleux , mais c’est la plus courante. Les créatures blanches sont généralement bienveillantes et aident le protagoniste. Elle indique aussi la transformation et la protection. Tomber par hasard sur une créature blanche, surtout quand elle n’est pas à sa place, peut être un message ou une expérience spirituelle. Il nous est impossible de répondre en toute certitude si oui ou non la créature rencontrée par l’auteur de la question était magique, mais nous l’encourageons à faire confiance à son instinct et aux impressions qu’elle a eu au moment de la rencontre. Si c’était nous, nous essayerions d’entrer en contact avec cette créature à nouveau pour voir si une relation avec elle pourrait émerger de cette expérience.

AMA ⧣ 1 : Answers to questions
Question 1: Morrigane and Erik’s favorite folktales
Erik’s favorite folktale: If I had to choose an all time favorite folktale it would probably be La Petite capuche bleu (The Little Blue-Bonnet) which was recorded by Marius Barbeau from the conteur Achille Fournier in 1915, from Kamouraska, who learned it from Jérémie Ouellet from the same region. These two conteurs were known to exchange stories over many years. What I like about it is the central character of the Petite capuche bleu, who is a meddlesome trickster bent on making the lives of the protagonists – Ti-Jean, Brise-Montagne and Brise-Bois – a… nightmare. The purpose of the voyage undertaken by Ti-Jean is to – of course – save a beautiful princess from a subterranean keep. The Petite capuche bleu is slain and comes back to life twice, she interferes with the making of pea soup… which is sacrilegious to do in French Canadian culture and most excitingly we see l’Aigle (the Eagle) make an appearance, who takes Ti-Jean up out of the subterranean layer and to safety with the princess. For me, this folktale hits all the right notes for a pleasant and engaging tale full of mystery and magic.
Morrigane’s favorite folktale: My favourite legend is without hesitation “Rose Latulipe” also known as “The Devil at the danse” no less than ten versions of this legend exist but the gist of it is : A young woman, who’s supposed to be married soon, dances at a party on the eve of Mardi gras (or simply on a Saturday evening). The local priest agreed to this party on the condition that it would end before midnight, because that’s when Lent begins (or Sunday). A beautiful stranger arrives at the dance sometime in the evening and dances only with the young woman. When the clock rings midnight the young lady isn’t able to stop dancing any more than the musicians can stop playing their instruments. The beautiful stranger is discovered or reveals himself as the Devil and he disappears with the young woman. Other times he disappears with all the people at the party and sometimes he doesn’t abduct anyone, but the lady ages decades in one night. Sometimes he is discovered earlier and his plans are foiled. The thing I like most about this legend is how much folklore is hidden in all its variations. Sometimes a baby cries each time the stranger gets close to them, his horse is always black and sometimes the snow melts arounds his hooves, sometimes the pants of the dancer gives a glimpse of a cloven hoof when it moves while dancing. All of these are well established ways to unmask the Devil. If the Devil is uncovered before he has reached his goal, it’s often by a grandmother. Sometimes she warns the woman’s fiancee, who was really sad to see his wife-to-be dance with another man all evening, but most of the time she acts alone. She knows what she has to do and she knows no one will believe her. She might ask the Devil to recite a prayer or she might give him a drink laced with blessed water. If the Devil is discovered, he will flee. Sometimes he jumps on his horse and disappears toHell as the earth opens before him, a regular motif in the “building devil” legends, or he might disappear in a cloud of smoke leaving behind him a sulphurous smell. My favorite versions are those where the grandmother realises what is happening because of the baby she’s holding in her arms. The instinctive knowledge of the beginning of life being decoded by the wisdom and experience of old age speaks to me.
Question 2: Dames fées and white animals
We think that when you are inquiring about the Dames Fées, you are referring to Erik’s workshop that can be heard here. We would like to take this opportunity to clarify one point: the dames fées which Erik discusses in his workshop are the fairies that are found in the folktales, and not those found in the anecdotes/folklore. The contes told by the storytellers at parties were chock-full of fairies and witches, two terms which are often used interchangeably in stories. People in French Canada did not often encounter fairies “in real life”. We have identified some of these occasions in this article. Folktales and anecdotes are equally important. The anecdotes give us traditional practices that were tried and used by different individuals while the stories give us a window into the worldview of French Canadians. This is also reflected in Witchcraft. Most of the spells and much of the lore come from the anecdotes, but the context in which they are placed and the direction our exploration takes is dependent on the contes.
The question also asked about the importance/meaning of the colour white. This portion of the question inspired us to do a series on colors in Sorcellerie, so a more detailed answer will come, but we wanted to give the broad strokes here anyway. The colour white does have great importance in storytelling. It indicates the supernatural nature of the character. It is not the only colour that indicates the enchanted, but it is the most common. White creatures are usually benevolent and help the protagonist. It also indicates transformation and protection. Stumbling upon a white creature, especially when it is out of place, can be a message or a spiritual experience. It is impossible for us to answer with any certainty whether or not the creature the seeker encountered was magical, but we encourage them to trust their instincts and the impressions they got at the time of the encounter. If it were us, we would try to make contact with that creature again to see if a relationship with it could emerge from that experience.
Image attribution: Berlin, Irving, Public domain, via Wikimedia Commons
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